lundi 10 décembre 2012

Mali, ça se complique…



Rebecca Blackwell/AP/SIPA
Rebecca Blackwell/AP/SIPA
Qu’était-il allé faire dans cette galère, s’étaient interrogés certains proches de Cheik Modibo Diarra, 60 ans quand cet astrophysicien malien devenu le patron des missions spatiales de la Nasa fût nommé premier ministre de son pays le 17 avril dernier. 

La galère s’achève, mais pas de la plus aimable des façons puisque le brillant scientifique a dû démissionner après avoir été arrêté et placé en résidence surveillée dans la nuit du lundi 10 décembre. Fin d’une expérience qui ne devait être que provisoire puisque Cheik Modibo Diarra, tout comme le président de la République Dioncounda Traoré, officiait comme premier ministre de transition en attendant la tenue d’élections générales censées doter le pays d’un pouvoir sorti des urnes. 

À l’origine de sa chute, il y a une fois encore le capitaine Amadou Sanogo, l’organisateur du putsch militaire du 22 mars 2012  qui avait mis un terme à la présidence très fragilisée d’Amadou Toumani Touré (ATT) et  déclenché par ricochet l’offensive des groupes islamistes et touaregs au nord du Mali. Revenus dans leur caserne de Kati, Sanogo et ses hommes n’ont cessé de vouloir influencer le cours de la vie politique malienne, en particulier du moment où le premier ministre, en accord avec le président, s’est engagé dans la voie de l’option militaire pour chasser les islamistes du Nord et restaurer l’intégrité territoriale du pays. Sanogo ne voulait pas en entendre parler, à l’image de son mentor et protecteur Blaise Campaoré, le chef d’État burkinabé, président de la Cedao (Communauté économique des états d’Afrique de l’Ouest) et, à ce titre, médiateur plus que controversé entre les groupes islamistes, les autorités de Bamako et l’Algérie.   

Que cherche Campaoré en tergiversant avec les radicaux favorables à l’instauration de la charia dans le nord Mali ? À déstabiliser l’ensemble du pays, affirment les nombreux adversaires du président burkinabé. Il est sûr que le départ forcé de Cheik Modibo Diarra n’aidera guère les institutions maliennes à s’imposer alors que les combattants djihadistes venus des quatre coins du monde rêvent de transformer le Nord en nouvel Afghanistan. 
 
Pour autant, les Maliens ne condamnent pas d’une seule voix les interventions musclées de Sanogo et certains considèrent même qu’il traduit somme toute l’hostilité d’une partie de la société civile à l’égard d’une classe politique très décrédibilisée. 

Sans le soutenir, l’altermondialiste Aminata Traoré s’est toujours montrée virulente à l’encontre du pouvoir bicéphale parvenu à la tête de l’État  sans en avoir la moindre légitimité. Sans véritable changement rapide au Mali, plaide l’ancienne ministre de la Culture entre 1997 et 2000, tout ne sera que mauvais replâtrage et illusoire effet d’optique, y compris la mise sur pied d’une force interafricaine pour chasser les islamistes. 
Dans l’immédiat, le Mali attend un nouveau Premier ministre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire