samedi 27 octobre 2012

Les caves de l'agroalimentaire se rebiffent


Vu sur MarianNE

Crédit : CHAUVEAU/SIPA
Crédit : CHAUVEAU/SIPA
Compte tenu des enjeux sanitaires liés à l’obésité et aux maladies cardiovasculaires, questions chaque jours plus présentes dans les préoccupations des consommateurs, on sent les lobbies de l’industrie agroalimentaire fébriles depuis quelques temps. D’autant qu’ils ont échappé de peu à une nouvelle réglementation sur les emballages, intitulée « feu tricolore », dont le principe est de signaler par un logo rouge, orange ou vert les différents degrés de risques nutritionnels des aliments. Projet retoqué de façon scandaleuse au parlement de Bruxelles après un lobbying d’une rare agressivité.

Il a donc suffi  que le Ministre délégué à l’agroalimentaire, Guillaume Garrot, déclare l’autre jour sur Europe1 que la réduction des sucres, du sel et des graisses hydrogénées dans l’alimentation des Français était une nécessité pour que Jean-René Buisson, président de l’Ania (Association nationale des industries alimentaires) que l’on avait connu plus avisé du temps où il travaillait pour Danone aux côtés de la famille Riboud, monte sur ses grands chevaux et menace de boycotter l’ouverture du Sial (Salon international  de l’alimentation). Après avoir décroché son téléphone en appelant Philippe Mauguin, directeur de cabinet de Stéphane Le Foll, Ministre de l’Agriculture et de l’agroalimentaire, pour obtenir des assurances, il recevait un appel de Marie Guittard, conseillère en agroalimentaire auprès du Premier Ministre pour lui dire que les problèmes soulevés par Guillaume Garrot n’était pas à l’ordre du jour du gouvernement.

Rassuré, Buisson s’est fendu d’un compte rendu à son Conseil d’administration disant que le directeur de cabinet condamnait les propos du Ministre délégué et qu’il pouvait même en faire état dès lors qu’il ne mettait pas en cause le gouvernement dans son ensemble. Contacté par Marianne, Philippe Mauguin dément catégoriquement et indique avoir seulement précisé au patron de l’Ania que la lutte contre l’obésité qui est une vraie priorité, ne passait pas par « les feux tricolores ». Il semblerait que dans sa colère, M. Buisson ait pris ses rêves pour des réalités. Quant à Guillaume Garrot, il est dans son rôle de ministre de gauche défenseur des intérêts et de la santé de ses concitoyens.

La vérité est que la malbouffe est une réelle inquiétude pour les Français, surtout au niveau des enfants, et qu’il faudra bien un jour que cette question trouve toute sa place dans le débat  politique. Pour l’heure, considérons que le terme agroalimentaire, même s’il est un réel enjeu économique pour la France, sonne mal quand on en fait un titre ministériel. François Hollande aurait été mieux avisé en donnant la priorité à l’alimentation et non aux marchands de Premix et de Nutella. 

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