vendredi 29 juin 2012

L’Allemagne ne paiera pas ! Même si on lui donne les clés du camion


ReSPUBLICA
L’UE est à un moment crucial (un de plus) : la Grèce pourtant exsangue semble prendre la voie de rester en zone euro, ouf ! mais il est déjà question de renflouement pour l’Espagne et l’Italie qui vont de plus en plus mal, ainsi que c’était prévisible. On préparerait des plans de sauvetage d’un montant de l’ordre de 750 milliards d’€, mais il en faudra sans doute beaucoup plus, et cela ne permettra tout juste, encore une fois, que gagner du temps. Gagner du temps, parce qu’on ne pourra encore concevoir que d’emprunter, c’est-à-dire s’endetter tous pour désendetter quelques-uns. Beaucoup plus, parce que l’austérité qui devra accompagner ces plans éventuels afin de les crédibiliser ne fera qu’enfoncer tout le monde, pays riches compris, encore plus profondément dans la dette. Nombre de dirigeants de l’UE le savent bien, mais peu encore l’admettent. Quoi qu’il en soit, l’idée de ceux qui voudraient éviter le jeu de dominos de l’austérité est alors de faire payer l’Allemagne, comme le prétendait déjà Clemenceau au début des années 20 pour financer sa politique de reconstruction avec un franc fort pour écarter l’inflation. L’Allemagne qui profiterait de l’euro, qui devrait se montrer solidaire, etc.
Mais on n’a jamais vu de vaincu faire payer le vainqueur. Et rarement l’inverse, d’ailleurs ! Le vainqueur peut toujours « se payer sur la bête », après une « bonne guerre », mais en matière internationale « civilisée », avec paiements en monnaie, un pays ne peut payer que s’il exporte, ce qui lui procure de la monnaie internationale. L’Allemagne exporte, elle a donc les moyens, et elle exporte principalement (pas loin des deux-tiers) vers les pays européens : donc elle a intérêt à payer, car l’austérité imposée aux pays de l’UE lui ferme ses débouchés.
Il semble que l’Allemagne veuille bien commencer à envisager de pouvoir payer, mais à la condition expresse que ceux qu’elle aiderait acceptent de lui rendre des comptes. La solidarité restreinte au périmètre du « Traité budgétaire ». Il est certain que si elle était avérée, l’information selon laquelle la Grèce n’aurait pas réduit le nombre de ses fonctionnaires, ainsi qu’elle s’y était engagée en contrepartie de l’aide reçue, n’aiderait pas l’Allemagne à « confier sa carte bleue ». Les réticences allemandes tiennent notamment à l’idée libérale que la discipline des coûts et le libre-échange sont la condition de la vérité des prix et du retour à la croissance. Mais, contrairement à ce que prétend l’idéologie du marché, il n’est pas un mécanisme d’équilibre, mais de pouvoir, et l’échange n’est pas gagnant pour tous, ne serait-ce que parce que tous ne peuvent pas être exportateurs nets en même temps.
Le « grand marché » devait homogénéiser l’espace européen et la monnaie unique renforcer cette marche vers l’intégration. Le principe était que l’impératif d’être concurrentiel contraindrait chacun à tenir ses coûts, à commencer par les coûts salariaux, la contrepartie étant que les gains de l’échange feraient converger les différentes économies. La crise de l’euro met en danger l’UE elle-même, et donc la stratégie d’intégration des pays européens dans la mondialisation via le marché « libre et non faussé ». De là, si on comprend que la crise de l’euro est la crise de la forme libérale d’intégration dans une économie mondiale capitaliste en crise structurelle, on comprend que regarder la crise de l’euro par le petit bout de la lorgnette conduit à la traiter en elle-même par des réformes cosmétiques et ne peut que générer l’échec à maîtriser le cours des choses.
Toute stratégie de sortie de crise ignorant la vraie nature de la crise de la dette et de l’euro propose différentes solutions techniques qui ne sont que cautère sur jambe de bois, parce qu’elles impliquent toutes, en dernier ressort, une Allemagne qui ne paiera pas, non point parce qu’elle ne le veut pas ou parce qu’elle ne le peut pas, mais parce que les lois de l’économie capitaliste s’y opposent. Elle paie déjà, mais elle cherche à donner les clés du camion à la bureaucratie européenne, pour faire payer les peuples. Seule l’implosion de l’euro permettra et imposera la reconstruction de l’UE sur d’autres bases, saines, celles de la démondialisation.

I. La vraie nature de la crise de la dette et de l’euro

L’Allemagne veut faire payer les peuples cigales. Mais d’où vient leur dette ? (qui assure des débouchés aux fabricants d’armes, etc.). Et d’où vient le pouvoir de l’Allemagne d’imposer ses choix économiques et sociaux ?

a- La crise de la dette, symptôme d’une « grande crise » du capitalisme

L’enlisement de l’euro résulte d’une profonde erreur d’analyse des causes de sa crise. La crise européenne a d’abord été attribuée au laxisme des gouvernements devant les effets de la crise financière de 2008 : le choix de la vie à crédit au lieu des efforts de rigueur nécessaires pour rétablir la compétitivité et financer le modèle social. On a ensuite mis l’accent sur les défauts de gouvernance de l’euro et l’incapacité des européens à prendre le problème à bras le corps, la politique des petits pas les condamnant à toujours courir après les événements.
C’est là confondre la réalité de la crise, qui s’enracine dans l’inefficacité de l’appareil productif, et sa manifestation, l’endettement. Cela ôte à l’expert toute capacité de prévision du cours des événements et le condamne à changer de monture au fur et à mesure que son argumentation se révèle fausse. Il perd toute maîtrise du cours des événements.
La compréhension de la nature capitaliste de l’économie dite de marché permet de dire que la crise est mondiale, et non seulement européenne, preuve en est, si besoin, l’attention que portent les EU et la Chine aux événements en Europe. Les stratégies nationales de ces deux pays seraient en effet directement contrariées par une éventuelle chute de l’euro : les É-U tentent de redémarrer par une politique monétaire de dépréciation du dollar, tandis que la Chine doit continuer d’exporter pour maintenir son taux de croissance.
La dynamique d’une économie capitaliste réside dans la valorisation de l’argent engagé dans le circuit : les banques commerciales prêtent aux entreprises l’argent dont elles ont besoin pour fonctionner ; si elles sont compétitives et vendent leur production à prix suffisamment rémunérateur, les entreprises remboursent le capital emprunté augmenté de l’intérêt prélevé sur leur profit. L’argent étant la contrepartie de la richesse réelle, la crise manifeste alors l’incapacité des entreprises à créer de la richesse de manière économiquement rentable, ce qui obère la rentabilité financière qui seule intéresse les actionnaires. La réaction logique de base est de retrouver la compétitivité par la baisse des coûts salariaux : ce que l’on appelle rigueur ou austérité, selon le camp d’où on parle, et que l’Allemagne présente comme réformes structurelles pour la croissance. La premier réflexe est de licencier, pour abaisser la masse salariale, l’armée de réserve ainsi constituée faisant pression pour que les encore salariés acceptent la modération. En même temps, on s’attaque aux services publics, c’est-à-dire à la redistribution, le modèle social étant alors mis en cause, parce que trop cher, trop protecteur, etc.
S’il veut éviter de trop matraquer (fiscalement, socialement, etc.) le peuple, un pays soumis à un étalon monétaire international (l’or avant-guerre, le dollar après) peut dévaluer pour tenter de stimuler ses exportations. Mais la dévaluation renchérit les produits importés, ce qui pousse les prix nationaux à la hausse et induit des revendications salariales. Si la crise est structurelle, c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas que d’une question conjoncturelle, et que les gains de productivité ne suffisent plus à compenser la hausse des salaires, cela enclenche la spirale inflation-dévaluation (comme ce fut le cas dans les années 70). Les années dites « piteuses » furent ainsi des années de stagflation, avec la concomitance de l’inflation, qui ronge l’épargne, et du chômage, tous deux mettant à mal la cohésion sociale.
Un pays qui n’exporte pas parce qu’il est trop cher et qui veut éviter les troubles sociaux, ne peut alors que se tourner vers la dépense publique, afin de soutenir la croissance et l’emploi. S’il peut emprunter, il risque de s’engager dans une vie à crédit permanente si sa difficulté à exporter n’est pas conjoncturelle mais structurelle. En effet, si ses structures productives ne sont pas adaptées à la demande mondiale (s’il est spécialisé dans des biens que peuvent produire les pays à bas salaires) ou si ses réseaux commerciaux sont inefficaces, les débouchés sont indépendants du niveau des prix. Dans ce cas, si l’État s’endette en espérant que l’économie va repartir alors qu’il s’agit d’une « grande crise », comme dans les années 20-30 ou comme depuis la fin des 30 glorieuses, c’est sans espoir.
Même si on dit souvent, en référence à Keynes, que la dette de l’État n’est pas de même nature que celle d’un ménage, parce que « les ménages dépensent ce qu’ils gagnent, tandis que les entreprises gagnent ce qu’elles dépensent » (Kalecki). C’est vrai si l’offre est élastique, si elle peut suivre la demande : par exemple l’Italie du textile est capable d’inonder très vite le marché dès qu’une tendance apparaît. Mais il faut que les entreprises soient capables de produire plus sans accroître les coûts, voire puissent les réduire. En cas de crise structurelle, la dette publique ne peut être considérée comme un instrument d’action positive. Tout au plus un palliatif momentané. Qui aggrave le mal et qui soumet à la loi du plus fort, l’exportateur, le créancier.
Pour emprunter, un pays maître de sa monnaie peut s’adresser à sa banque centrale, ce que l’on appelle « faire marcher la planche à billets » : le pays se fait crédit à lui-même. En cas de crise structurelle, la création monétaire souveraine permet l’inflation et participe à l’euthanasie du rentier. Dans le cadre de l’euro, système d’étalon à parités irrévocablement fixes, dont la mise en place avait pour objectif d’empêcher la dévaluation et de protéger l’épargnant, la banque centrale ne prête pas aux États (en principe) et ledit pays n’a d’autre solution que d’emprunter aux « marchés », pour autant que ceux-ci aient confiance. Mais l’appel aux marchés, c’est la revanche du rentier, qui pourra faire payer le prix fort et imposer ses choix à l’État : austérité salariale, rigueur sociale, etc. Ainsi, au tournant des années 80-90 les partenaires de l’Allemagne ont subi « l’étau des taux », serré par le SME (système monétaire européen) après que l’Allemagne eut réagi par la rigueur aux crises générées par la politique de Reagan aux É-U. La bureaucratie étatico-financière reçoit alors les clés du camion dans la mesure où elle gère les affaires de l’État dans le sens bien compris des intérêts de la finance contre ceux des peuples. Les pays économiquement faibles sont condamnés à appeler au secours et abandonner leur souveraineté. Les élites dirigeantes n’en sont pas plus affectées et acceptent sans peine de voir la Troïka s’installer à chaque chute d’un domino.

b- L’euro ou la loi du plus fort

En effet, l’euro, monnaie unique, est une source de concurrence et non de solidarité entre les pays qui adhèrent à la zone. Selon la doctrine libérale, la concurrence « libre et non faussée » entre agents économiques garantit que le marché met en harmonie tous les plans d’actions individuels. Mais la doctrine libérale est fondée sur une théorie économique dans laquelle la monnaie est réduite au statut de pur véhicule du pouvoir d’achat des uns ou des autres, le seul critère de gestion de la monnaie étant d’éviter l’inflation, qui fausse le calcul économique des épargnants, ou la déflation, qui fausse celui des producteurs (par excès ou défaut d’émission). Cette doctrine nie la nature nationale de la monnaie, elle nie les frontières, elle nie les politiques étatiques actives, en un mot elle nie la politique et la souveraineté du peuple.
Or, même si la monnaie est unique, elle met en compétition les différents États, dans la mesure où les critères de Maastricht imposent, via la concurrence « libre et non faussée », en échange des avantages de la monnaie unique, la rigueur budgétaire et salariale. Avantages, en effet, puisque tous les agents des pays de la zone peuvent emprunter à des taux déterminés par les performances économiques de la zone, donc des taux tirés vers le bas par les pays compétitifs, exportateurs et à croissance forte. Et les États profitent de la crédibilité globale de la zone, crédibilité qui dépend du respect des critères de Maastricht (inflation, déficit et dette publics). Ces avantages n’ont pas duré.
Car la monnaie unique a vocation à être une monnaie forte, tirée par les exportations des plus forts, ceux qui ont des avantages structurels dans l’échange international. Cela induit un problème de débouchés pour les moins forts, puisqu’ils doivent être compétitifs au sein de la zone ou vendre cher hors Europe. Ainsi, l’euro impose la rigueur salariale, puisqu’il n’y a plus la possibilité de dévaluer pour éviter le déficit commercial. C’est la désinflation compétitive permanente, dans le prolongement de la stratégie adoptée en 83 par la France pour ne pas quitter le SME. Aujourd’hui imposée par l’adoption de l’euro, la contrainte est encore plus rigide.
La crise économique va renforcer encore ladite contrainte, de par le caractère national des systèmes bancaires, et donner du poids à l’Allemagne. En effet, chaque pays conserve sa banque centrale et les européens ont dû mettre en place un système de règlements intégré au sein de la zone, Target pour simplifier. Et avec la crise, ce système n’est plus équilibré, car il devient un système implicite de transferts vers les pays en crise de la dette souveraine.
En effet exporter crée une créance sur le pays importateur : si la Chine vend des ordinateurs aux É-U, elle reçoit des dollars de l’entreprise importatrice, qui a payé son achat, certes, mais ses dollars sont désormais une créance sur les É-U. La Chine peut les utiliser pour acheter des Boeing, par exemple, et les ordinateurs sont payés par une richesse réelle. Elle peut aussi les utiliser pour acheter des BT US, c’est-à-dire remplacer la créance initiale par une autre créance, financière (ou, de même, via une entreprise chinoise qui prendrait une participation dans une entreprise US). La Chine peut aussi utiliser ces dollars auprès de tout pays les acceptant en paiement.
Ce qui vaut pour les biens et services vaut pour les capitaux : acheter des titres étrangers induit de la même manière des créances internationales même si les transactions entre agents sont soldées. Si des flux entrants de capitaux compensent le déficit commercial, la balance des paiements est équilibrée. Un pays qui a une balance des paiements excédentaire accroît le stock de devises dans le bilan de sa banque centrale, ce qui permet au système bancaire d’émettre plus de monnaie, ce qui devrait, selon le principe monétariste, faire monter les prix, réduire les exportations et rétablir l’équilibre. Mais ça ne fonctionne pas tout à fait comme dans les manuels d’économie : si la crise est structurelle, les pays déficitaires ne se rétablissent pas (voir l’échec des dévaluations de la fin des trente glorieuses). Il y a alors une créance permanente, qui ne peut que s’accroître, des pays excédentaires, qui deviennent de plus en plus forts, sur les États en difficulté, toujours plus affaiblis.
Une zone monétaire de type étalon or du XIXe ou bloc or des années 30, imposait au pays leader de financer les déséquilibres au sein de la zone. Pour éviter les troubles consécutifs à l’incapacité du leader et à son refus de continuer à tenir la zone à bout de bras, Keynes avait imaginé, et proposé à Bretton Woods, le bancor, une monnaie purement véhiculaire, réservée aux paiements internationaux. Dans l’esprit de Keynes, elle permettait aux pays en déficit de rétablir leur situation dans les échanges sans devoir adopter une politique d’austérité interne porteuse de chômage et de risques sociaux. Il était dans l’illusion d’un monde capitaliste potentiellement homogène et qui le deviendrait pourvu qu’il soit bien gouverné. De la même manière, les élites européennes cherchent aujourd’hui des solutions purement techniques pour sauver l’UE de dangers qu’elle génère par sa construction même.
Alors que l’euro bute sur le même problème que la monnaie-marchandise hier, et le pays leader de la zone, l’Allemagne doit par construction payer pour les autres, comme la Grande Bretagne de l’étalon or ou la France du bloc or, et pas plus qu’elles, elle n’en a réellement les moyens. L’Allemagne ne paiera pas pour ne pas se noyer avec les autres.
En effet, au sein de l’eurozone, la monnaie est certes unique, mais sa création reste nationale : les banques françaises créent les euros pour la France, les grecques pour la Grèce, etc. Quand un importateur français achète une machine-outil allemande, il envoie un chèque au fabricant, qui lui le dépose à sa banque ; cette dernière, allemande, détient ainsi une créance sur la banque émettrice du chèque, française. Si cette créance est compensée par une entrée en France de capitaux allemands (par exemple des achats de bons du Trésor par quelque banque allemande qui a ses euros à placer), les comptes du système Target constatent un équilibre global de la balance des paiements française. La Banque de France refinance alors les besoins des banques des importateurs de marchandises avec les excédents des banques des importateurs de capitaux.
Le problème de la dette se pose dès que la crise éclate : en 2007 la crise financière a mis en danger les banques des pays les plus fragiles (on ne dit plus les PIGS, mais les GIPS), les capitaux ont fuit ces pays risqués et sont allés se placer en Allemagne (qui peut maintenant emprunter à taux négatifs, alors que les GIPS, mais bientôt l’Italie, n’ont plus accès aux marchés financiers qu’à des taux quasi-prohibitifs). Résultat, les banques allemandes gavées d’euros ont des réserves énormes auprès de la Bundesbank, tandis qu’à l’opposé, les banques commerciales des pays déficitaires sont sans ressources puisque désertées par les placements qu’elles avaient reçus. Les autres banques centrales nationales de ces pays ont dû refinancer leurs banques, ce qu’elles n’ont pu faire qu’avec le soutien de la BCE. Pour sauver le système, celle-ci a en effet accepté de les refinancer à son tour, en recourant à des « procédures non conventionnelles ». Comme cela accroissait la masse monétaire dans les pays déficitaires et pour éviter de libérer les forces inflationnistes, elle a en conséquence freiné d’autant la création monétaire dans les pays excédentaires.
Au total, d’une certaine façon, l’Allemagne paie, puisqu’elle est la principale garantie de la BCE : les prêts de l’UE (via la BCE) aux pays en difficulté sont en réalité des prêts allemands, dans la mesure où il est clair qu’elle sera le dernier domino debout. Avec l’aggravation de la crise de la dette, la situation est désormais intenable, mais les solutions proposées ne sont guère plus viables, puisque toutes reviennent à vouloir faire payer l’Allemagne, qui n’en a plus les moyens.

Dans quelle crise sommes-nous?

Lutter contre le néo-libéralisme
Les articles de Philippe Hervé
« La crise c’est quand le vieux se meurt
et que le jeune hésite à naître
 », Antonio Gramsci
Un anniversaire qui fait événement : la crise globale du « turbo capitalisme » a débuté il y a cinq ans déjà. Le fait est que la crise des « subprimes » de l’été 2007 n’était effectivement pas la énième crise d’adaptation du capitalisme financier mais, au contraire, comme nous l’annoncions à l’époque les prémisses d’un « grand basculement » définitif de tout un mode de production. Il s’agit en fait de la limite extrême du capitalisme financier que nous nommions « turbo-capitalisme ».
Force est de constater que notre hypothèse de 2008-2009 de la formation d’un « pli historique », comparable en importance à celui du XVIe siècle, commence à devenir un concept opératoire pour analyser et comprendre notre quotidien (voir Dans quelle crise sommes nous ? N°1). Cette prise de position théorique explique notre opposition à l’analogie courante entre le « grand basculement de 2007 » et la crise d’adaptation de 1929. Elle a pour corollaire notre certitude dans l’inefficacité implacable des politiques keynésiennes pour sortir de l’ornière, mais aussi des politiques déflationnistes mises en place par la gouvernance européenne aux ordres des banques.

Masquer la baisse globale des taux de profits

Comparaison n’est pas raison… mais tout de même ! A l’instar du  XVIesiècle, la formation d’un pli historique débute toujours par une crise comptable. En quelque sorte, on ne sait plus compter à l’instar de l’empire de Charles Quint et de Philippe II ne comprenant pas l’hyper inflation due à l’introduction de l’or et surtout de l’argent du nouveau monde. Les intellectuels critiques ont toujours eu beaucoup de difficultés à aborder le sujet comptable et en particulier sur les comptabilités des firmes multinationales, sans parler des comptes publics des États. Il faut dire que tout a été fait, particulièrement ce dernier quart de siècle, pour rendre totalement opaques ces bilans financiers. Dans ce dispositif, les « paradis fiscaux » jouent un rôle central pour, selon notre hypothèse à l’inverse de celle communément admise, masquer la baisse globale des taux de profits et créer l’illusion d’un taux de rentabilité fictif autour de 15% de ces sortes de grands « Combinats » financiers par un système de facturation fictive. C’est l’éclatement de cette gigantesque bulle à laquelle nous assistons depuis cinq ans.
Toutefois, avant de revenir sur ce point et en particulier sur l’évaporation du « Capital Fantôme » dans l’année qui vient, revenons sur nos « prédictions » de juin 2011 (voir Dans quelle crise sommes nous ? N°3).
L’année dernière, nous écrivions : « Pour juin 2011- juin 2012, les maîtres mots seront : crise monétaire globale, dislocation politique et tentative de survie à tout prix du monopolisme. » Par ailleurs, nous estimions que dans le conflit Euros/Dollars, la devise américaine avait un avantage stratégique et l’Euro, que nous avions qualifié de « monnaie fantaisie », risquait de perdre la partie.

L’hégémonie monétaire mondiale du dollar

Effectivement, nous avions raison contre la plupart des conjoncturistes qui jugeaient l’endettement américain insupportable, mais en négligeant comme d’habitude le fondement politique du « roi dollar », c’est-à-dire l’hégémonie monétaire mondiale dont il bénéficie. Tant que les cours des principales ressources naturelles et industrielles seront fixés dans cette devise, il en sera ainsi. Pour modifier cet état de fait, il faudrait un rapport de forceséconomique mais aussi politique et militaire que l’Europe en pleine récession est bien incapable d’assurer. Reste la monnaie chinoise, mais son heure n’est pas encore venue. Visiblement, la direction du parti communiste chinois préfère attendre assez logiquement le bon moment et intervenir après le choc financier majeur qui nous attend … plutôt qu’avant. Elle se contente pour l’instant de renforcer ses réserves en or pendant que son cours reste raisonnable du fait des manipulations qu’il subit pour entretenir en miroir l’illusion d’une valeur réelle dans les papiers monnaies Euros ou Dollars.

Deuxième phase de l’éclatement de la monstrueuse bulle du « Capital Fantôme »

Venons-en aux perspectives possibles pour la période juin 2012- juin 2013. Pour nous, elle sera donc marquée par une deuxième phase de l’éclatement de la monstrueuse bulle du « Capital Fantôme » élément central de la crise de la dette. Cet éclatement aura pour conséquence la tentative bancaire d’une déflation profonde, impliquant une dévalorisation globale des actifs. Cette option entraînera ipso facto une rupture de l’alliance de classe entre l’hyper bourgeoisie et la bourgeoisie classique qui subsistait vaille que vaille depuis 5 ans. C’est là que réside le talon d’Achille de cette tentative déflationniste.
Pour entrer dans les détails de ce postulat de l’année à venir, il nous faut définir ce que nous entendons par « Capital Fantôme ». Pour faire simple : il s’agit de la création d’une valeur fictive d’un actif servant de contrevaleur de garantie pour l’obtention d’un prêt. Il s’agit en fait d’une escroquerie classique qui permet une cavalerie financière, mais étendue à l’ensemble de la planète financière. Les « subprimes » étaient déjà bâtis sur ce principe frauduleux de la surestimation des actifs. Il faut bien comprendre que cette supercherie est généralisée à tous les marchés, immobilier, valeurs d’entreprises, valeurs d’options etc.

La valeur d’un château de la Loire

Prenons un exemple pour rendre compréhensible ce mécanisme. Imaginons que nous soyons un hedge fund, un fond d’investissement en français, et que nous achetions pour un million d’euros un château en ruine sur les bords de la Loire. Posons comme hypothèse que nous le restaurions pour 2 millions d’euros et que nous l’aménagions pour en faire un hôtel de luxe pour 2 autres millions d’euros. Le coût total de l’opération s’élèverait arithmétiquement à 5 millions d’euros. À ce stade, imaginons que nous fassions appel à un cabinet d’expertise, soi disant totalement indépendant mais en fait totalement corrompu, pour estimer ce nouveau bijou des châteaux de la Loire. Cet expert considérerait que la valeur de ce joyau est sinon inestimable, ou tout simplement considérable, du fait de son emplacement, du classement au patrimoine de l’Unesco de la vallée de la Loire, bref, pour de très bonnes ou mauvaises raisons. Au final, la valeur estimée pourrait atteindre par exemple… 100 millions d’euros ! Dans un second temps, nous utiliserions cet actif révélé par l’expertise à sa « vraie valeur de marché » pour emprunter aux banques. Dans certains cas, nous pourrions nous endetter à hauteur de 1, voire 2 milliards d’euros, suivant un pourcentage de contre valeurs de 10 ou 5%. Il serait vraisemblable que les échéances soient importantes du fait d’un taux d’intérêt élevé, dû en particulier à l’obligation pour la banque prêteuse d’obtenir l’assurance d’être payée en cas de défaut de l’emprunteur, les trop fameux CDS (credit default swap)…mais qu’importe puisque nous disposons d’une trésorerie énorme pour rembourser…. Pendant un certains temps, comme aurait dit Madoff, et cela jusqu’à épuisement de la trésorerie. Notons au passage que tous les individus intervenant dans cette affaire se payent grassement par commissions ou rétro commissions, officielles ou occultes.

Le monopolisme payé par un endettement monstrueux

Voilà un exemple pédagogique pour illustrer cette crise de la dette au niveau du monde financier international car cette escroquerie n’est pas accessible aux simples citoyens, voire aux petites ou moyennes entreprises. Elle n’est envisageable que pour les personnes morales, celles qui depuis un quart de siècle ont un accès libre et sans limite aux crédits bancaires suivant ces conditions fort laxistes car garantis et assurés par des actifs artificiellement « gonflés à bloc » ! C’est d’ailleurs ce système, simple finalement, qui a permis le renforcement du monopolisme dans la dernière période. Bref, par l’achat des concurrents sur le marché en question, par le dumping impliquant des ventes à perte, le monopolisme fut payé par un endettement monstrueux impossible à rembourser…donc avec de la monnaie de singe.
Patatras, 2007 a sonné la fin de la récréation et la crise de la dette implique progressivement une exigibilité des contre valeurs sur lesquelles les emprunts s’appuyaient. Bien sûr, le « pot aux roses » apparaît, et dans notre exemple pour 2 milliards, la vraie garantie ne s’élève qu’à 5 millions, soit 2,5% !

Le « Fantôme » assuré par « l’Ombre »…

Certains experts estiment que ce « Capital Fantôme » sur la planète finance à 30 000 ou 50 000 milliards de dollars. 15 000 milliards se seraient déjà évaporés depuis 2007, restent donc encore entre 15 et 35 mille milliards à éponger avec nos modestes ressources citoyennes, c’est-à-dire la réduction des retraites, des remboursements santé, des services publics. Bon courage à tous ! Le problème est d’une gravité infinie car, comme nous l’avons vu dans notre exemple pédagogique, le « Capital Fantôme » est assuré par les CDS ! En bref, cette illusion de valeur est garantie par le fleuron du « Marché gris », « shadows banking » en anglais. En quelque sorte, le « Fantôme » assuré par « l’Ombre »…Cette vision presque poétique est en réalité l’engeance qui nous gouverne.
Il est prévisible que cette deuxième vague de liquidation du « Capital Fantôme » soit volontairement masquée par la crise immobilière, liée à la dépréciation des actifs dans ce secteur. On va nous expliquer benoîtement que les banques sont victimes de la baisse de la « Pierre » en Europe. Mais les chiffres incroyables que l’on va nous jeter au visage seront en fait le cumul de la dépréciation immobilière ET de l’évaporation du « Capital Fantôme ». Voilà l’explication à l’injection des 1 400 milliards d’euros de la Banque centrale européenne entre juin 2011 et aujourd’hui (300 de crédit pour les banques à court terme avec renouvellement automatique à l’automne 2011, deux prêts à 3 ans de 500, et 100 de recapitalisation bancaire directe). Nous en sommes à un tel point qu’aujourd’hui l’injection de 100 milliards de Livres (124 milliards d’euros) par la Banque d’Angleterre début juin pour soutenir le système bancaire fait partie de la routine, et n’a provoqué aucun gros titre d’un journal.

Le dégonflement de la bulle du « Capital Fantôme »

Pour éviter encore un peu cette apparition à la lumière du « Capital Fantôme », qui provoquerait du jour au lendemain la banqueroute totale du système bancaire mondial, la seule solution est déflationniste, avec une baisse générale et progressive de l’ensemble des actifs qui convergeraient et accompagneraient le dégonflement de la bulle du « Capital Fantôme ». Ce projet bancaire, à nos yeux très hypothétique et presque utopique, aurait le mérite de préserver les créances bancaires en évitant l’hyper inflation quibénéficierait aux emprunteurs à taux fixe et ruinerait encore plus les banques. En effet, la déflation maintiendrait artificiellement un rapport constant entre la valeur faciale de la  monnaie émise  et les biens physiques patrimoniaux orientés à la baisse, et cela malgré le déluge de liquidité monétaire dont bénéficient sans limite les banques. Les politiciens européens relaient donc cette politique déflationniste massive, en particulier dans la zone euro.
Toutefois, cette voie nous semble sans issue et les chances de stabilisation déflationniste nous paraissent minces, cela principalement pour une raison politique. En imposant la baisse générale des actifs, l’hyper bourgeoisie rompt définitivement l’alliance de classe qu’elle avait nouée avec le moyenne et petite bourgeoisie des pays occidentaux. Tant qu’il s’agissait de faire payer la crise aux couches pauvres et à la classe moyenne inférieure, les bourgeois n’y voyaient rien à redire, au contraire. Mais, pour la première fois depuis 2007, les possédants risquent de s’appauvrir en termes réels,alors que l’hyper inflation au final aurait pour eux un effet neutre voire positif dans certains cas pour leurs intérêts patrimoniaux (actifs souvent investis dans la pierre ou l’or, etc.).

Le mauvais exemple grec

Voilà ce qui risque d’être le point nodal de la conjoncture politique en Europe : la rupture de la solidarité du couple « hyper bourgeoisie-bourgeoisie classique ». Cette tension aura pour expression concrète dans l’année qui vient des « clashs » politiques multiples et violents en Europe, impliquant certainement des ruptures de gouvernance. Si la tension politique grecque en est sans doute la première expression visible, l’Italie devrait suivre. Notons un détail sur la situation grecque : l’Europe fera tout pour garder ce pays dans la zone euro car son départ pourrait être exemplaire !…mais pas pour la raison généralement donnée. En effet, le retour à un drachme dévalué serait certes très douloureux dans un premier temps mais provoquerait immédiatement un appel d’air pour les liquidités du monde entier, Chine ou Brésil compris. Ce qui en quelques mois, voire une année, permettrait un rebond à l’instar de l’Argentine il y a une douzaine d’année ou de l’Islande plus récemment. Ce « mauvais exemple » serait suivi, n’en doutons pas, par d’autre pays du même gabarit et dans la même galère de l’austérité éternelle comme le Portugal ou l’Irlande. Il est donc évident que l’Europe se montrera des plus conciliantes avec le nouveau premier ministre grec à la tête de la coalition de la droite et de lasocial-démocratie.

Pronostic pour l’année à venir

Pour résumer notre pronostic, nous devrions assister entre juin 2012 et juin 2013 au paroxysme de la crise avec l’éclatement de la bulle du « Capital Fantôme » et l’échec programmé de la déflation européenne qui devrait entraîner l’éclatement de la zone euro, et tout cas dans sa forme actuelle. Espérons que cette prédiction se réalise car, si dramatique soit-elle, c’est la condition sine qua non pour qu’enfin l’horizon se dégage et que nous puissions en juin 2013 entrevoir les prémisses du « nouveau monde en réseau ».

mercredi 27 juin 2012

On dirait le petit fils d'Hitler

Le nouveau gouvernement grec devrait arrêter de demander de l'aide et plutôt mettre rapidement en oeuvre les réformes prévues, en échange des plans de soutien de ses partenaires européens, a déclaré dimanche le ministre des Finances allemand.
Dans un langage exceptionnellement cru, Wolfgang Schäuble a précisé au journal Bild am Sonntag que la Grèce avait perdu une bonne part de la confiance de l'Europe au cours de la crise de la dette souveraine, comme le révèle un sondage mené dans les quatre plus grandes puissances européennes, publié par l'hebdomadaire.

mardi 19 juin 2012

La nouvelle donne du 17 juin 2012 n’est pas suffisante pour empêcher la marche vers la dictature financière : la résistance doit donc continuer !

En premier lieu, notons la nouvelle montée spectaculaire du Collectif de la gauche radicale Syriza en Grèce. 4,5 % en 2009, 16,8 % en mai 2012, 26,9 % en juin 2012. Voilà le produit d'une ligne stratégique offensive basée sur les réalités objectives et subjectives grecques. Par sa détermination à refuser la politique d'austérité en Grèce, il a réussi une montée électorale spectaculaire. Il a en partie siphonné l'électorat néo-stalinien du Parti communiste KKE qui passe de mai à juin 2012 de 8,5 % à 4,49 %. Ce parti qui refuse même de rencontrer Syriza commence à payer son arrogance et ses discours stratosphériques sans débouché politique. Syriza est aujourd'hui le principal parti d'opposition au futur gouvernement austéritaire que la droite néolibérale Nouvelle Démocratie va sûrement constituer avec les socialistes néolibéraux du Pasok.
Pour 2,8 % de mieux, la droite néolibérale avec 29,7 % des voix prend le bonus de 50 députés supplémentaires lui permettant de constituer, avec les socialistes néolibéraux du Pasok (en recul avec aujourd'hui 12,3 % des voix) un gouvernement anti-social sous la tutelle de l'oligarchie financière européenne.
Le combat de la gauche de gauche contre les politiques austéritaires doit donc continuer. Le maître mot devient donc « Résistance » !
Prochain rendez-vous au sommet européen du dernier week-end de juin 2012. Là, on va sortir de la société du spectacle médiatique télévisuel et mieux comprendre les politiques futures européennes qui seront imposées aux peuples européens. La marche vers la dictature financière des nouveaux césars européens n'est toujours pas stoppée.
Leçons du 2e tour des législatives
Nous n'avons pas encore parlé de l'élection de l'Assemblée nationale en France ! Mais nos quatre derniers éditos1 sont toujours pertinents pour conduire les débats nécessaires au développement de la gauche de gauche autour des préoccupations des salariés, des citoyens, à commencer par les couches populaires ouvriers et employés. On pourrait rajouter à ces éditos que le paradoxe de la poussée du Front de gauche à l'élection présidentielle et du recul patent du nombre de députés du Front de gauche. Cela est bien sûr pour une part la conséquence d'une Ve République d'essence césariste qui favorise le bipartisme sans opposition sur l'essentiel et du fait que les législatives suivent de près l'élection présidentielle, ce qui amplifie ce mouvement. Mais ce serait oublier un facteur important : la continuation du processus d'écroulement du Parti communiste lui-même. Il suffit pour cela de voir la faiblesse du vote Front de gauche dans la plupart des collectivités territoriales dirigés par un exécutif du Parti communiste ou la lente érosion des positions communistes face au Parti socialiste. Et le faible ancrage populaire du Parti de gauche ne permet pas aujourd'hui de contrebalancer cette lente érosion du PCF stricto sensu. Et que l'on ne vienne pas nous dire que les orthodoxes du PCF ont raison, eux qui ont perdu la 14e circonscription du Rhône sur la base de leurs analyses.
En fait, nous vivons une double course de vitesse :
  • d'abord entre l'augmentation de la demande citoyenne d'un Etat social, la volonté populaire de continuer la séquence du Front de gauche (tout en organisant le dépassement d'un simple collectif de partis) et la compréhension que le processus d'effritement rapide des positions communistes continue,
  • puis entre la gauche de gauche et l'extrême droite dans toute l'Europe.
D'où la nécessité d'une rapide réorientation stratégique de l'ensemble de la gauche de gauche.
En attendant, il convient d'avoir de la clarté dans nos têtes. François Hollande a tous les pouvoirs institutionnels pour faire sa politique. Le sommet européen des 28 et 29 juin est la prochaine échéance importante. Nous n'avons pas beaucoup de jours à attendre pour voir ce que fera notre nouveau président de la République. La ligne de plus grande pente est sans doute la poursuite des politiques austéritaires obligatoires même si les « nouveaux chiens de garde » médiatiques sont appelés à faire campagne sur l'inflexion d'un sommet qui sera obligé de tenir compte de la poussée de Syriza en Grèce. Cette politique austéritaire revient à faire payer par le salariat et principalement aux couches populaires ouvriers et employés et aux couches moyennes intermédiaires les conséquences de la désastreuse politique de fuite en avant des forces néolibérales européennes de droite et de gauche.
Nous ne pouvons pas passer sous silence l'appel au peuple grec de François Hollande, à quelques jours du scrutin, pour que celui-ci vote pour la politique austéritaire des néolibéraux grecs (droite néolibérale de Nouvelle démocratie et gauche néolibérale des socialistes du Pasok) et donc contre la politique gauche de gauche de Syriza. Nous ne pouvons pas passer sous silence le fait que le discours sur la croissance de François Hollande semble se satisfaire d'une addition du discours de la croissance (avec sans doute une petite relance européenne coordonnée, insuffisante) sans modification substantielle du coup d'Etat du 21 février 2012 pour la soumission des peuples à l'oligarchie financière et pour la régression sociale que représente le couple MES-TSCG (Mécanisme européen de stabilité et Traité sur le stabilité, la coordination et la gouvernance dans l'Union économique et monétaire). Les dérégulations vont donc continuer à peser sur les couches populaires ouvriers-employés et sur les couches moyennes intermédiaires dans un cadre de soumission de plus en plus césariste aux intérêts de l'oligarchie financière internationale.
Voilà le décor planté. Puisse François Hollande nous surprendre agréablement dans quelques jours, lui qui a été élu par toute la gauche y compris par la gauche de gauche !
En attendant, l'heure est à la réorientation stratégique indispensable de la gauche de gauche pour augmenter notre capacité de résistance face à l'oligarchie financière et à l'extrême droite qu'elle a engendrée.

vendredi 15 juin 2012

Allo Nadine Morano

Nadine Morano, ex-ministre. Sipa


«Allo Nadine Morano? C'est Louis Aliot.» L'imitateur et humoriste Gérald Dahan, spécialiste des canulars téléphoniques a piégé la candidate UMP en Meurthe-et-Moselle jeudi en se faisant passer pour le n°2 du Front National et compagnon de Marine Le Pen.





          

mercredi 13 juin 2012

Je vais vous faire peur

Envoyé par DW via Google Reader :

via là-bas si j'y suis de podcast@radiofrance.com le 12/06/12

durée : 00:53:54 - là-bas si j'y suis - par : Daniel MERMET - La peur, la phobie, l'angoisse... La peur est une émotion qui bloque la raison, qui cloue, qui fige, qui paralyse, qui glace le sang. Exploitée par les démagogues, les politiciens, les publicitaires, mais aussi par le cinéma et la littérature, tirer sur le filon de la peur est un ressort vieux comme le monde, utilisé depuis la nuit des temps pour capter ou détourner l'attention... La peur bloque la raison... Peur de l'insécurité, peur du noir, peur du loup, de l'inconnu, des inconnus, des esprits qui rodent, de la mort... mais aussi du dentiste, de ne pas trouver un logement, de tout perdre dans la vie... Et vous, de quoi avez-vous le plus peur ? Programmation musicale :- Batlik : "Sous son lit"

Ce que vous pouvez faire à partir de cette page :

LES DIFFICULTÉS COMMENCENT


À la présidentielle on vote, aux législatives on fait l'élection buissonnière !
Record d'abstention battu, le 10 juin, pour ce qui est des scrutins
parlementaires organisés sous la Vème République. L'abstention a plus que
doublé par rapport au taux enregistré un mois plus tôt pour élire le chef de
l'État. Voilà au bout de quelle dérive conduit le bonapartisme de nos
institutions : le ban et l'arrière-ban de l'électorat se mobilisent pour désigner
l'homme providentiel, mais les Français boudent les urnes quand l'heure est
venue d'élire leurs députés !
« Il faut donner une majorité au Président », martèle-t-on du côté du PS.
Certes, nous n'en disconvenons pas puisque la constitution est ce qu'elle est, mais constatons, une fois de plus, que le Parlement se voit réduit aujourd'hui au rôle de chambre d'enregistrement, ce qui explique en grande partie la désaffection croissante de nos concitoyens à son égard. De plus, si l'on s'en tient aux résultats de l'élection présidentielle, le tiers des Français sera peu (ou pas) représenté dans la prochaine Assemblée.
Ce déni de démocratie entraîne une crise de la représentation politique
reconnue par tous. Ne pas tenter d'y remédier serait pour la gauche une faute grave, d'autant qu'elle aura comme jamais la possibilité de réformer la
constitution. « Réenchanter le rêve français » requiert que l'on redonne tout
son sens à la politique pour remobiliser les citoyens.
Car « les difficultés commencent », comme disait le vieux Bracke, dirigeant
de la SFIO, au lendemain de la victoire du Front Populaire, et François
Hollande n'a pas tort de reprendre la formule à son compte. L'Espagne appelle à l'aide pour renflouer ses banques (il en coûterait jusqu'à 20 milliards d'euros à la France) : la vocation de l'Europe est-elle de sauver la finance en imposant des politiques d'austérité à ses peuples ? La Grèce s'apprête à revoter le 17 juin : faut-il condamner ses habitants à choisir entre les diktats de la « troïka » (UE, BCE, FMI) ou l'exclusion de la zone euro ?
Et l'Allemagne… Comme on pouvait s'y attendre, le gouvernement Merkel
fait la sourde oreille à la demande française de renégocier le pacte budgétaire.
Pour Berlin, la croissance passe par le désendettement, le désendettement
par l'austérité. Le célèbre économiste américain Nouriel Roubini et son
collègue Niall Ferguson dressent, dans le Monde du 12 juin, un parallèle
saisissant : « Il nous paraît extraordinaire que ce soit l'Allemagne qui semble
si peu avoir appris de l'Histoire. Obnubilés par l'objectif de maîtriser l'inflation,
les Allemands donnent l'impression d'attacher plus d'importance à l'année
1923 (l'année de l'hyperinflation) qu'à l'année 1933 (date à laquelle la
démocratie est morte). Ils feraient bien de se souvenir que la crise bancaire
européenne qui éclata deux ans avant 1933 a contribué directement à
l'étouffement de la démocratie, non seulement dans leur propre pays mais sur tout le continent européen ».
Oui, les difficultés s'amoncellent, comme l'illustre aussi la multiplication des
plans sociaux. S'approche aussi l'heure de vérité pour François Hollande et
son gouvernement. Définira-t-il une voie nouvelle en Europe, quitte à
s'affronter à la chancelière ? Saura-t-il et voudra-t-il résister à la finance,
désignée il y a peu au Bourget comme l'ennemi principal ?
La tâche est immense. À défaut de réenchanter nos rêves, c'est la politique
en France et en Europe qui est à réinventer. Pour cela, il est en tous cas
impératif de voter à gauche le 17 juin – la gauche dans toutes ses
composantes, pour battre la droite et l'extrême droite.

vendredi 8 juin 2012

Scandale financier à la CGC, le syndicat des cadres


Ça c'est de la solidarité!
Selon nos informations, les commissaires aux comptes chargés de valider la comptabilité de la Confédération générale des cadres (CGC), le syndicat des cadres, ont alerté il y a quelques semaines le procureur de la République.
Ils auraient découvert que le président de la Confédération, Bernard Van Craeynest, était payé près de 140.000 euros par an par la confédération, une somme remboursée par Safran, l’équipementier aéronautique, dont il est en disponibilité.
Une autre ponte du syndicat, Danièle Karniewicz, ex-présidente de la caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV), actuellement en charge de la protection sociale, se serait pour sa part, fait rembourser près de 500.000 euros de frais par la CNAV et par la Confédération, pendant les six années de sa mandature.
Toujours selon les commissaires aux comptes, les secrétaires nationaux du syndicat auraient perçu chacun 1.500 euros par mois en plus de leur rémunération et de leurs défraiements officiels, en dehors de toute décision officielle des organes confédéraux. Les cotisations sociales afférentes n'auraient pas été versées. Un comité confédéral de la CGC se tiendra demain pour examiner les comptes et « obtenir des éclaircissements » sur ces dérapages. La séance risque d’être chaude.
Personne à la CGC n'était joignable dans la matinée.

Philippe Eliakim

jeudi 7 juin 2012

Les primes en or des tennismen

Et dire que toute cette fortune issue de vous et moi va aller se nicher en Suisse ou autre paradis fiscal!

Nadal, Sharapova, Djokovic… découvrez les 10 joueurs et joueuses de tennis ayant empoché les plus gros gains sur les circuits ATP et WTA.
Victoria Azarenka
Novak Djokovic
Rafael Nadal
Roger Federer
Marias Sharapova
Agnieszka Radwanska
Serena Williams
David Ferrer
Andy Murray
Thomas Berdych
Les tennismen ne jouent pas que pour la gloire. Dimanche, le vainqueur de Roland-Garros 2012 va décrocher un joli pactole : 1,25 million d'euros. Au total, les participants du tournoi de la Porte d'Auteuil se partagent 18,72 millions d'euros. Un montant en hausse de 6,8% par rapport à l'an dernier.
Tout le monde a droit à sa part. Les éliminés au premier tour ont empoché 18.000 euros, ceux du deuxième tour 27.000 euros, et ainsi de suite. Sorti en quarts de finale après un beau combat contre Novak Djokovic, Jo-Wilfried Tsonga pourra se consoler avec un chèque de 155.000 euros. Depuis le début de l'année, il affiche désormais plus de 850.000 dollars de gains à son compteur.
Dans cette course aux primes, le Français reste loin des meilleurs joueurs du circuit. Le numéro 1 mondial, Novak Djokovic, en est déjà à plus de 4 millions de dollars, selon le décompte de l'ATP Tour. Son alter-ego féminin, Victoria Azarenka, fait encore mieux (4,5 millions).
Au fil de leurs victoires, ces champions se constituent ainsi de confortables bas de laine en vue de leur retraite sportive. La recordwoman en la matière, l'Américaine Serena Williams, a par exemple accumulé 36 millions de dollars depuis le début de sa carrière à la fin des années 90.
Chez les hommes, Roger Federer règne en maître : ses gains dépassent 70 millions de dollars. Et encore, ces sommes n'intègrent pas les sponsors. En incluant ses revenus tirés de ses contrats publicitaires, le Suisse est le quatrième sportif le plus mieux payé de la planète, avec des revenus annuels approchant 50 millions de dollars en 2010-2011 selon Forbes…

mercredi 6 juin 2012

Mal de dos les méthodes qui marchent

Si vous désirez que je vous envoie le texte original, écrivez-moi dans le lien "votre remarques m'intéressent" en haut à gauche