mardi 27 décembre 2011

Un rapport souligne un défaut de préparation avant Fukushima


© REA

Un manque de préparation et une communication défectueuse au plus haut niveau après la catastrophe comptent parmi les écueils qui ont fait de l'accident à la centrale nucléaire de Fukushima l'événement le plus grave de ce secteur depuis 25 ans, selon un rapport d'étape publié lundi au Japon.

Selon la commission d'enquête dirigée par un spécialiste des dysfonctionnements, l'opérateur Tepco, qui exploite la centrale de Fukushima-Daiichi, ainsi que les services de régulation n'ont pas pris à temps la mesure du tsunami provoqué par un séisme et de l'impact dévastateur qui allait en résulter.

La centrale numéro un de Fukushima, située à 240 km au nord-est de Tokyo, a été frappée le 11 mars par un tsunami dont les vagues dépassaient 15 mètres par endroits. Ce tsunami a mis hors service les circuits de refroidissement des réacteurs, ce qui a entraîné des fusions de combustible nucléaire.

"L'organisme de régulation nucléaire du gouvernement n'a pas demandé à Tepco de prendre des mesures précises, par exemple d'effectuer des travaux supplémentaires, après avoir reçu des études par simulation de Tepco en 2008 et début 2011 concernant l'impact des tsunamis sur ses installations", écrit la commission dans son rapport préliminaire.

En 2008, Tepco avait simulé un tsunami de plus de 15 mètres de haut atteignant Daiichi mais n'avait pris aucune initiative, jugeant sa probabilité quasi nulle, ajoutent les experts.

EXPERTISE INSUFFISANTE SUR PLACE

Le rapport note aussi que Tepco ne disposait pas sur place de compétences à la hauteur des enjeux une fois la catastrophe survenue et qu'elle a commis des erreurs concernant les systèmes de refroidissement des réacteurs n°1 et n°3.

Une mauvaise communication entre le centre de gestion de crise du gouvernement et des responsables chargés de prendre les décisions, pourtant installés dans le même bâtiment, a retardé le recours à un système d'alerte prédisant le degré de diffusion de la radioactivité, ce qui a différé des ordres d'évacuation mieux ajustés à la situation, dit le rapport.

Les douze experts de la commission, créée en mai à l'initiative de Naoto Kan, alors Premier ministre, et présidée par Yotaro Hatamura, professeur d'ingénierie à l'université de Tokyo spécialisé dans l'étude des dysfonctionnements, rendront public un rapport définitif l'été prochain. Le groupe comprend des sismologues, d'anciens diplomates et des magistrats.

Le gouvernement a annoncé le 16 décembre que les réacteurs de la centrale avaient atteint le stade de l'"arrêt à froid", ce qui constitue un tournant dans les opérations d'assainissement et une condition préalable au retour éventuel d'environ 80.000 habitants évacués dans un rayon de 20 km autour du site de Fukushima-Daiichi.

Toutefois, selon un sondage publié lundi par le journal Nikkei, 78% des personnes interrogées contestent que la procédure d'arrêt à froid ait été menée à son terme comme l'a assuré le gouvernement.

SENTIMENT D'INSÉCURITÉ

Pour nombre de Japonais, l'annonce de la fin de la procédure d'arrêt à froid est prématurée du fait que le démantèlement des réacteurs accidentés et le traitement des conséquences de la catastrophe sur l'environnement prendront encore des années.

"Nous ne pouvons pas être d'accord avec l'affirmation du gouvernement voulant que la situation soit réglée à Daiichi. Les cultures et récoltes sont toujours contaminées à Fukushima. On n'a fait aucun progrès pour ce qui est de réduire le sentiment d'insécurité des habitants", a déclaré Michio Furukawa, maire de la ville de Kawamata (préfecture de Fukushima) et membre de la commission d'experts.

Le gouvernement a indiqué la semaine dernière qu'il faudrait sans doute attendre sept ans pour que l'on puisse contrôler l'intérieur des réacteurs en raison d'un niveau de radioactivité élevé et de contraintes techniques.

Le document d'étape ne détaille pas les dégâts causés directement à la centrale de Daiichi par le séisme qui a déclenché le tsunami, question clé pour déterminer si d'autres réacteurs actuellement à l'arrêt pour inspections peuvent être remis en service afin d'éviter une pénurie d'électricité.

D'après Tepco, le tsunami consécutif au séisme a été la cause principale des dégâts.

Par ailleurs, le gouvernement a annoncé lundi qu'il délimiterait de nouvelles zones d'évacuation d'ici à la fin avril et que les secteurs où les taux de radioactivité annuels sont aujourd'hui supérieurs à 50 millisieverts ne seraient pas jugés propres à être habités avant au moins cinq ans.

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