jeudi 1 septembre 2011

Grands patrons : en un an, leurs variables ont explosé de 55%

Grands patrons : en un an, leurs variables ont explosé de 55%

Tous nos dirigeants le proclament haut et fort : s'ils sont aussi bien rémunérés, c'est que leurs performances sont excellentes. En réalité, notre enquête le prouve, beaucoup d'entre eux se paient bien plus qu'ils ne le devraient.

Trop gourmands, les grands patrons ? A première vue, pas du tout. Selon nos informations, vingt-huit des cinquante dirigeants les mieux payés de France ne se sont accordé l'an dernier aucune augmentation de salaire fixe, et quatre d'entre eux ont même accepté de s'infliger une baisse. Les dix-huit autres se sont certes bien servis mais, en moyenne, P-DG et DG n'ont grappillé que 2,75%. A peine plus que leurs employés.
Cet effort de solidarité aurait toutefois été d'un meilleur effet si les big boss ne s'étaient rattrapés sur leur variable. Selon nos informations, les cinquante premières gâchettes du business français ont arrondi le leur de… 55% en moyenne. Certains y sont allés vraiment fort. Daniel Julien, le président de Teleperformance, s'est, par exemple, octroyé 179% de hausse pour saluer ses résultats «dans le contexte difficile et particulier de l'année 2010», et Xavier Huillard, le patron de Vinci, n'a pas lésiné non plus (+ 78%). Si l'on ajoute à cela les millions d'euros glanés grâce aux stock-options (6,5 pour Bernard Charlès, de Dassault Systèmes), on peut dire que les revenus patronaux ont pratiquement renoué avec leur niveau d'avant-crise.
Cette inflation salariale pourrait à la rigueur se comprendre si les performances étaient à la hauteur. Mais c'est loin d'être toujours le cas. Selon le cabinet d'études PrimeView, qui a passé au crible, pour Capital, la gestion de nos cinquante patrons, une quinzaine d'entre eux ne méritent pas complètement leurs émoluments.
Baudoin Prot, par exemple, directeur général de BNP Paribas, a certes vu les comptes de la banque se redresser. Mais un nouveau système de primes devrait lui permettre de toucher 2,6 millions d'euros supplémentaires si le cours de l'action double d'ici 2015. Frédéric Rose, le directeur général de Technicolor (ex-Thomson), a reçu quant à lui une prime de 1,5 million d'euros, alors que son groupe reste dans le rouge. «C'est pour le remercier de nous avoir évité la faillite», plaide son entourage. C'est beau, la vie en Technicolor…
Aymeric Marolleau
Consultez les revenus des 110 patrons français les mieux payés en 2010 dans nos deux tableaux :
Méthode
de l'enquête : Pour établir la performance de chaque patron, le cabinet PrimeView a passé au crible cinq critères pendant la période 2006- 2010 : croissance et régularité du bénéfice par action, rentabilité, variation de la marge brute et du cours de Bourse. Il a ensuite rapporté la note globale obtenue (calculée à la fois pour toute la période et sur le seul exercice 2010) à la note théorique que le patron aurait dû obtenir pour justifier son salaire 2010. C'est l'écart entre ces deux données qui détermine leur «rapport qualité-prix».
Capital


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